Véritable évangile du désir, ce livre de 1897 évite le ronflement solennel des liturgies parce qu’il est chaque fois traversée par de l’inattendu : l’ouverture aux paysages, aux êtres comme aux choses, le soulèvement de la joie, l’imprévisible des rencontres, le choc d’être au monde, l’éblouissement des contacts, la splendide nudité des matières, des ciels et des peaux constituent un idéal, pour lequel il s’agit de « s’user d’amour ».
La langue de Gide, mince, assumant le ras de prose dans des vers un peu ténus, a la beauté des fleurs sauvages, des fruits âpres. Elle a l’acidité un peu grêle des sons du clavecin.
En empruntant aux textes qu’on dit sacrés, André Gide (1869-1951) rivalise dans Les Nourritures terrestres avec la délicieuse profusion de la vie.
Les Nourritures terrestres, suivi de Les Nouvelles Nourritures, préface d’Olivier Barbarant