Joris-Karl Huysmans (1848-1907), issu d’une lignée de peintres flamands, est aussi bien critique d’art que romancier. Dans Trois Primitifs, il traite de la peinture du Haut Moyen Âge et de la Renaissance en alliant la flamboyance du style à la puissance du regard.
C’est que l’enjeu va pour lui bien au-delà de l’esthétique. Devant le retable d’Issenheim peint par Matthias Grünewald, l’auteur expérimente une bouleversante rencontre avec le divin. Voici « le peintre le plus audacieux qui ait jamais existé, le premier qui ait tenté d’exprimer, avec la pauvreté des couleurs terrestres, la vision de la divinité mise en suspens sur la croix » !
Mais chose extraordinaire, Huysmans, quoique mystique, ne dédaigne pas pour autant les œuvres érotiques. Par exemple celles de son contemporain Félicien Rops. Ces deux aspects de son travail critique, ici reliés, en donnent la clé : une exploration passionnée de la tension entre le bien et le mal, entre le sacré et l’eros.
Cette édition de Trois Primitifs et de Félicien Rops est suivie d’une postface de Jean-Louis Poitevin.